mardi 19 février 2008

Travailleur légal !



Ca y est, j'ai mon permis de travail en Suisse.

dimanche 17 février 2008

Dernier aller-retour à Lyon

Ça y est, ce week-end fut le dernier passé à Lyon pour préparer mon déménagement. Hormis les meubles, le bazar tient dans une quarantaine de cartons petits et grands que je ferai venir dans mon nouveau chez moi dès que je l'aurai trouvé. Finalement, ce n'est pas grand' chose. Et deux déménagements en un an, ça aide à faire du tri dans le ch'ni.

"Ch'ni" , à ne pas confondre avec ch'ti, c'est une pépite que j'ai découverte vendredi dernier. Ça veut dire bordel, foutoir ou désordre, en plus joli et plus fleuri. Et en cherchant un peu dans mes dicos, je pense que ça s'écrit en fait "chenil". Mais comme vous l'aurez deviné, pour une fois, la prononciation suisse est plus rapide que prévu. Pour découvrir d'autres helvétismes, je vous invite à suivre le lien. C'est tordant.

En parlant de ch'ni, la suite du message est réservée aux âmes pas trop sensibles et majeures. Samedi j'ai donc pris titine, ma voiture, pour rentrer à Lyon, radio allumée sur ma station romande préférée: Rouge FM (pour la programmation musicale, c'est un peu un mixe entre Europe 2 et RFM) Vous avez déjà tous vu ou entendu une émission dans laquelle un apprenti journaliste essaie de vous refourguer le dernier appareil à la mode, téléphone mobile rasoir pour les hommes, téléphone mobile épilateur à froid pour les dames (je fais dans les clichés ce soir).

Bien, imaginez donc une émission radio dans ce style. Le présentateur vous annonce Samanta qui va présenter les derniers jouets pour adultes à la mode... Vous avez bien compris. Et non, ce n'était pas le milieu de la nuit mais une "heure de grande écoute", en gros, 15h00... Samanta entame une description avec force détails et commentaires sur les différentes options de ces objets, en commençant par l'attirail féminin. Ma culture sur ces accessoires s'est considérablement enrichie pendant cette courte dizaine de minutes. Malheureusement pour ma culture, comme les nuages radioactifs, les ondes radio s'arrêtent à la frontière. Je n'ai donc pas bénéficié de son enseignement sur le matériel à usage masculin, enseignement qui venait d'être annoncé...

Je dois vous avouer que j'étais passablement étonné par la programmation du samedi après-midi. Peut-être un 1er avril en avance? Ou un pari réussi pour Samanta...

Voilà, vous pouvez réouvrir les yeux.

La bonne nouvelle c'est donc que je vais pouvoir découvrir la vie veveyse et vaudoise du week-end. Une nouveauté ! Pas de ski le WE prochain mais plutôt des ballades vers le Mont Pélerin ou alors un tour en train à crémaillères. Je vais y réfléchir cette semaine.

Autre nouvelle, j'ai reçu un courrier très formel du secrétaire de l'Union chorale de Vevey. Je suis cordialement invité à me joindre à la première répétition de la messe en do de Mozart, le 28 février (bon anniversaire Valérie, un peu en avance) à 20h00 précise. Je serai jaugé, évalué et soupesé par le reste de la chorale et par le chef de choeur. Les affaires avancent, et depuis une semaine, j'ai arrêté de siffler sous la douche. A la place, je chante ;o) Une basse vengeance contre mes bruyants voisins.

Dans mon courrier de la semaine dernière, il y avait aussi une invitation à me rendre à l'office de la population pour retirer mon "autorisation". Je suppose qu'il s'agit de mon permis de séjour et de travail. Je vais enfin devenir un travailleur légal.

Quelque chose de très déroutant en arrivant, c'est la perte de tous repères "commerciaux" A part McDo, IKEA et Orange, presqu'aucune enseigne reconnaissable dans les rues par rapport aux rues lyonnaises. Cela donne l'impression que la Suisse serait le pays des petits commerces. Même problème avec les marques des produits. Vraiment très déroutant. Et surtout, c'est là que l'on réalise combien nous sommes imprégnés par la publicité et les marques qui nous entourent...

Je n'ai pas grand chose d'autre à vous raconter. Si, tout de même, mon grand jeu concours fut fructueux. J'ai reçu de nombreuses propositions pour un titre de blog, mais vous préférez à l'unanimité recevoir des nouvelles par e-mail. Deux d'entre vous m'ont également proposé une ingénieuse solution technique qui permettrait de combiner les deux modes de communication. Je les en remercie chaleureusement ! Il ne me reste plus qu'à créer le blog, ajouter moult photos, sons et autres éléments de personnalisation.

Un dernier détail, ne vous habituez pas trop à cet envoi hebdomadaire. Pour trouver quelques nouvelles dignes d'intérêt j'ai dû gratter les fonds de tiroir. Je ne sais pas ce que me réserve la prochaine semaine, mais il faut aussi savoir susciter l'attente :o)

samedi 9 février 2008

A Vevey depuis un mois

A la lecture de mon dernier message, peut-être avez-vous ressenti une forme de cynisme ou de critique tout juste voilée au sujet des automobilistes suisses... Il me faut donc rétablir un équilibre juste (merci Ségo).

Exemple : pour le moment, en tant que piéton, je n'ai jamais eu aucun problème avec une voiture, je dis (j'écris) bien, aucun. A chaque fois que j'ai décidé de traverser une rue, pas de problème. Il suffit de s'engager, inutile de regarder à gauche puis à droite. Vraiment, il suffit d'avancer sur la chaussée. Bon, pas n'importe où tout de même: en restant sur un passage protégé. Et pour l'instant, je n'ai pas entendu du crissement de pneus, d'insultes ou de carambolage dans mon sillage. En d'autres termes, en ville, les conducteurs suisses font attention à ce qui se passe autour d'eux. Ils ne sont pas enfermés dans une bulle --l'habitacle de leur voiture-- en dehors de laquelle rien n'aurait d'intérêt, et surtout pas les passants, cyclistes ou autres véhicules. Une forme de courtoisie? En tout cas, c'est vraiment agréable. On n'a pas l'impression de se jeter dans la fosse aux lions dès que l'on traverse sur un passage piétons sans feu.

Un ami allemand me demandait un jour: "Comment faites vous, en France, pour traverser s'il n'y a pas de feu ?" Etonnement de ma part: "Eh bien, il suffit de s'engager sur le passage piéton et les voitures doivent s'arrêter" Ça, c'est une citation directe du bon vieux code de la route.
- D'accord, mais qu'est-ce que ça veut dire, "s'engager sur le passage"
- Y poser le pied
- Mais c'est super dangereux, puisque tant qu'on ne pose pas le pied, les voitures avancent, et quand on pose le pied, c'est trop tard, on risque de se faire renverser!
- ...
- Chez moi, en Allemagne, un piéton qui s'approche du passage est déjà prioritaire et les voitures doivent s'arrêter avant qu'il ne "s'engage"
- ...

Voilà, j'étais sans réponse. En gros, être piéton en France tient de l'acte suicidaire. Apparemment ce n'est pas le cas en Allemagne et d'expérience, ce n'est pas non plus le cas en Suisse.

En parlant d'expérience, j'en ai vécu une traumatisante jeudi. Petit matin (je ne suis pas encore passé à l'heure suisse, il était donc près de 9h00), air vif et frais. Grand soleil et ciel dégagé, direction le boulot. Face à moi, les montagnes. J'ai le nez au vent et me régale du paysage. Soudain, je détecte du coin de l'œil un autre type de mont, sur le trottoir, que j'évite de justesse. Et tout aussi soudainement, je prends conscience que, depuis mon arrivée en Suisse, c'est bien la première fois que pareille mésaventure manque tout juste de se produire. La veille, j'avais bien remarqué une grand-mère s'occuper des productions de son toutou et, en mon for intérieur, j'avais pensé que c'était une bonne raison de ne pas avoir de chien en ville. En fait, je suppose que tous les propriétaires de chien en Suisse se plient à cette cérémonie. Enfin presque tous. Et les rues suisses sont incroyablement propres.

Certains me diront que je généralise trop vite. Les rues "suisses" sont propres ? OK, les rues de Vevey. Les conducteurs "suisses" sont courtois ? Bon, comme j'ai croisé plus de conducteurs en Suisse que de villes, je pense que ma statistiques est bonne, s'agissant des conducteurs "en Suisse".

Côté boulot, tout se passe bien. Je m'occupe des produits suivants: boissons chocolatées et maltées (Nesquik, Milo, Ricorée...), céréales familiales (Fitness, Cheerios...) et certains cafés... Et oui, il y a de la science et de la recherche derrière ces produits. Pour les membres de la communautés PI --curieusement vous êtes assez nombreux parmi les destinataires ;o) -- j'ai déjà une bonne quarantaine de familles de brevet "en vie" à gérer, des libertés d'exploitation, des litiges potentiels --non je ne vous dirai pas avec qui-- et une dizaine de projets de demandes de brevet, donc autant d'études de brevetabilité. Le bonheur, ça bouge ! Une grosse différence avec la vie en cabinet, c'est les nombreuses réunions avec les inventeurs et chercheurs, les personnes du business, par produit et par zone géographique... Et derrière chaque projet, il y a des produits qui seront dans les rayons sous quelques mois.

J'ai découvert le concept du décalage culturel. En allant assister à un spectacle, "Radioscopie de la clarinette", qui mélangeait humour, musique et histoire de la fameuse clarinette, je me suis trouvé plusieurs fois seul à ne pas comprendre un bon mot des artistes, au milieu de rangées de Suisses hilares. C'était assez vexant. Cela dit, j'imagine qu'un immigré suisse en France aurait bien du mal à comprendre certains traits de nos humoristes. Au final, les musiciens étaient excellents, l'histoire de la clarinette, très intéressante, et l'humour en dessous de la ceinture, compréhensible et efficace. Pour le reste, je suis resté imperturbable...

Autre surprise, impossible de trouver une séance de cinéma sans entracte. Oui, vous avez bien lu, un entracte ! Après une heure de projection, couic. Au milieu d'une scène ou d'un dialogue. Les lumières s'allument, les gens sortent, vont manger, boire... puis reprise de la projection. Le dialogue se poursuit, sans que la pellicule n'ait été rembobinée de quelques minutes, histoire de se replonger dans le film. Je me souviens qu'étant gosse il y avait parfois un entracte pendant les films. Mais c'était il y a 20 ans.

Ah, un dernier détail: les délices de la buanderie. Apparemment, impossible ou presque d'avoir son propre lave-linge en Suisse. Tous les immeubles sont équipés d'une ou plusieurs buanderies, et le concierge attribue les tours de lessive une fois pour toute aux différents occupants. C'est également lui qui fait circuler la clef de la buanderie entre les utilisateurs. J'ai hérité du vendredi après-midi, soit de 13h00 à 22h00. En d'autres termes, impossible de sortir le vendredi soir ou de partir tôt en WE: j'ai lessive. Enfin, c'est mieux que le jeudi matin (6h00 à midi) ou le samedi. J'ai l'impression d'être de nouveau étudiant mais en mieux: il n'est plus nécessaire de guetter l'ouverture de la buanderie, ou de surveiller la machine, ou plutôt les autres utilisateurs potentiels...

Certains d'entre vous m'ont largement complimenté et m'ont suggéré de créer un blog... Allez j'avoue, ça m'a fait terriblement plaisir et ma modestie en a pris un sacré coup. Mais je m'interroge. Vaut-il mieux que je vous inonde de mails qui provoqueront forcément une réaction: énervement suivi d'une destruction immédiate ou lecture attentive et peut-être réponse? Ou bien que je publie tout ça sur un site internet qui ne sera peut-être jamais lu? Est-il préférable d'écrire un courrier à des destinataires identifiés, ou d'étaler mes humeurs sur un site consultable par n'importe qui? Et surtout, grand problème, quel nom donner à un éventuel blog? Là je lance un grand jeu-concours: faites-moi part de vos suggestions, ce sera aussi l'occasion de me donner de vous nouvelles. Hormis ma reconnaissance éternelle, il n'y a rien à gagner :o)

A bientôt, un bon weekend ou une bonne semaine (pour ceux qui habitent un pays où le samedi est le lundi des européens)

PS: pour ceux que ça intéresse, je ne maîtrise toujours pas le clavier suisse. Pire, maintenant, je me mélange les pinceaux avec mon clavier belge...

vendredi 1 février 2008

Et une semaine de plus

Bonjour à tous, tout particulièrement ceux dont j'ai récupéré la bonne adresse !

Vu de France ou d'un autre pays, ne soyons pas complètement gallocentriques, la Suisse semble être une région lisse et policée, où il ne se passe pas grand' chose. Et en prenant ma loupe, c-à-d en m'installant à Vevey, je me rends compte que cette vision n'est pas très éloignée de la réalité. Merci la loupe. Ouf, les idées préconçues ne sont pas totalement dénuées de fondement.

Exemple: aux informations récemment, presque en gros titre, l'histoire d'un éleveur de perches (c'est un poisson) qui a remplacé ses perches par des truites, sans autorisation. Grave erreur. Et bien il a été condamné à détruire tous ses poissons illégaux et à une amende. Je pense qu'une affaire d'une telle gravité n'aurait même pas fait l'objet d'un sous-titre sur TLM (Télé Lyon Métropole pour ceux qui ne connaissent pas).

Cela dit, il existe quand même quelques "rugosités" Eh oui, comme tous les pays du monde, la Suisse dispose aussi de ses propres c..s. A ce propos, je vous conseille un très bon bouquin "Mort aux cons" de Carl Aderhold. Une bonne tranche de rire.

Exemple typique, le gars qui vous colle au pare-choc, sur l'autoroute, alors que vous êtes déjà à la vitesse limite. Il s'imagine peut-être que la distance de freinage est vraiment très diminuée quand on roule aux 120 km/h suisses au lieu des 130 km/h franchouillards. C'est vrai que l'on taxe souvent le parler suisse d'être un peu ralenti.

A propos, c'est moins une question de parler lent que d'accent délié. Certaines lettres sont plus appuyées, et -hypothèse- comme la Suisse est au coeur de l'Europe, peut-être que les langues accentuées (allemand, italien) ont influencé la platitude de la prononciation française. Conclusion, le bonjour se dit à la même vitesse que de l'autre côté du lac, mais ça monte sur le bon, puis ça descend sur le jour. Du rythme sur ce simple mot. Et le tour est joué, ça semble durer plus que de raison. Mais des bonjours comme ça font toujours plaisir.

Dans le même style: sur l'autoroute, voiture sportive, de nuit. Me double tout à fait normalement. Puis, après quelques centaines de mètres, freine et se remet derrière moi et passe pleins phares. Là panique à bord: mais kesk'i'm'veut ce c... Je vérifie mes phares. Non, tout va bien, je suis bien en "feux de croisement"... Il s'en rend compte, me redouble, se met à ma hauteur et me fait quelques signes déplaisants puis accélère à fond. Là une envie me prend, que je réprime: allumer mes phares.

D'aucuns soutiendront que les fameux c...s sont en réalité des c...s d'étrangers qui piquent le travail des vrais Suisses et qui ne s'installent dans ce doux pays que pour des raisons fiscales. En somme, des profiteurs parasites. Un vrai patriote paie ses impôts rubis sur l'ongle, respecte scrupuleusement les limites de vitesse et jette ses bouchons de bouteille dans les récipients prescrits ;o) Etonnant comme on peut entendre les mêmes récriminations des deux côtés du lac.

Autre rugosité, la fonction publique (non, je ne vais pas taper sur les fonctionnaires... suisses), ses syndicats et ses grèves. En l'occurrence, ceux du canton de Vaud ont débrayé un jour cette semaine, pour demander des augmentations de traitement (?) et contester la nouvelle définition des postes. A part quelques lignes dans les journaux, on n'en a pas beaucoup entendu parler. Le chef de l'exécutif vaudois s'est attristé du fait que le mouvement de grève a eu lieu alors que les négociations étaient en cours. Finalement, la politique est bien la même partout. A croire que les responsables politiques n'ont toujours pas compris tout l'intérêt de faire grève... Cela dit, c'était peut-être une première dans ce lisse pays. Qui sait? On n'en entend presque jamais parler (de ce pays), sauf lorsque les leaders économiques et politiques du monde se réunissent à Davos.

Pour le "polissage", j'ai appris que soit on le fait de sa propre initiative, soit à l'initiative de ses voisins. Apparemment, le mot "dénonciation" et son cousin "délation" ne posent pas autant de crises morales que chez les voisins européens. Ca me semble un peu étrange de savoir que si j'ai le malheur de dépasser un chouia de ma place de parking, je risque un signalement (un autre cousin) au mieux à la concierge, au pire à la police... Restons naïfs et imaginons que j'exagère.

Autre particularité suisse, la démocratie directe. Plus fort que la participative, mieux que la représentative. Pour la moindre décision, la moindre réglementation, aux niveaux fédéral, cantonal ou communal, une votation est organisée. Votation, c'est le terme technique. Quand je vous disais qu'il faut apprendre plein de nouvelles expressions. En gros, les Suisses votent tous les week-end. Les sujets d'actualité: le bruit des avions de chasse dans les vallées et la réduction des prélèvements fiscaux sur les PME.

Je saute du coq à l'âne. Langue de travail au boulot "au Centre": l'anglais. Dire le Centre, c'est pour ne pas admettre qu'il s'agit en fait du siège mondial. Tout de suite ça fait plus impressionnant que "le Centre". Presque un roman de Kafka. Revenons à nos ânes, l'anglais c'est en réalité une sorte de "worldish" assez facilement compréhensible, truffé d'expressions du marketing et du management. Le problème c'est que même entre francophones on parle en anglais: mettez dans une même "meeting room" un Belge wallon, un Canadien du Québec, un Suisse romand et un Français. Et bien ils se diront bonjour en anglais avant que l'un ose suggérer, dans un souffle, de poursuivre la réunion en français, ce que tout le monde s'empresse d'accepter. Et c'est autorisé car le français est la seconde langue officielle au Centre. Seule contrainte, les "minutes" des réunions seront rédigées en anglais... Donc parfois, on saute vers l'anglais.

Allez, j'arrête sinon je n'aurai plus rien à raconter dans ma prochaine "chronique", car vous l'aurez compris, il ne se passe pas grand'chose dans le coin. Si ça joue pour vous, j'agende une séance d'écriture la semaine prochaine pour la suite de mes aventures.

Bises aux dames, et pour résoudre un cas de conscience soulevé par certains d'entre vous, bises aux messieurs qui se reconnaîtront.

A bientôt,

PS Chexbres, ça se prononce "chèbre"