samedi 12 janvier 2008

Grand départ

14h00. Ça y est, j'ai bouclé mes bagages, coupé l'eau et le gaz, purgé les radiateurs. Trois valises pour ma première semaine "d'expatriation". Une pour les costumes, une pour les autres vêtements (la bleue, celle qui m'a suivi au Togo, au Kenya et pas mal d'autres voyages) et la dernière: chaussures, linge de toilette... Bon, ça fait beaucoup, mais j'en profite aussi pour commencer mon déménagement. Plus la besace que m'a donné Nathalie et un sac à dos pour le PC portable.

Je réalise que pour la première fois, de ma propre initiative, je quitte la France pour plus que de simples vacances. Certes Vevey n'est pas le bout du monde, mais c'est déjà hors Union européenne. Tous les "privilèges" dont je jouis sans trop y penser, en tant que Français en France, vont être remis en question, enfin presque. Certes je reste en zone francophone. Certes Lyon, cette ville que j'aime tant, n'est qu'à trois heures de train. Certes je reste en Europe. Mais il n'en demeure pas moins que j'ai pris cette décision de quitter mon pays. Peut-être un éloignement qui me fera du bien.

14h00 donc. Un coup de fil au taxi pour m'emmener, avec mon déménagement de Guignol, vers la gare. Quelques gouttes d'eau aux plantes. Je reviendrai les chercher la semaine prochaine. J'essaie de joindre ma sœur. Impossible: ni son fixe ni son portable ne répondent. Je m'inquiéterai plus tard si je n'ai pas de nouvelles.

Le chauffeur de taxi est un petit homme, menu, la cinquantaine. Son accent trahit son origine portugaise. Il ne cherche pas à engager la conversation, ce qui m'arrange bien. Je préfère regarder Lyon par la fenêtre et écouter la radio. A l'antenne, une jeune femme raconte les six premiers mois de son périple autour du monde en solitaire. Elle a tout lâché pour partir, un an. Beau courage!

Pendant que le chauffeur chargeait mon coffre, j'ai couru vers la boîte aux lettres, au bout de la rue du Bon Pasteur, pour y glisser deux trois courriers. Parmi eux, le solde de tout compte du Cabinet, reçu le matin même. Ça y est, j'ai vraiment quitté Pl... Une page s'est tournée et à moi d'écrire, d'inventer les suivantes.

Arrivé à la gare, direction le quai. Je me faufile tant bien que mal entre les voyageurs, vacanciers, skieurs, touristes, avec mon bazar. Je m'installe, donne un coup de main à ma voisine pour charger sa valise sur le porte-bagages. Le train s'ébranle. Rapidement, nous sortons de Lyon et tout aussi rapidement, la campagne blanchit. C'est la première neige que je vois de l'année... Entre la blancheur, calme et un peu irréelle, et la lecture du journal, l'envie me prend d'écrire ces quelques lignes. Peut-être pour me rassurer. J'ai encore tenté de joindre Nathalie, sans succès.

Je comprends Emilie, du moins en ai-je l'impression, quand elle nous livre ses récits de voyages en Australie. Peut-être tient-elle aussi un journal de bord. Il faudra que je le lui demande.

17h36. Je suis dans le train Interregio direction Vevey. De jour, on peut voir les vignes qui s'agrippent aux bords du lac léman. La nuit tombe, le paysage s'éteint. Plus tard, j'apprendrai que la région compte trois soleils: l'astre, le lac qui le réfléchit, et les murs des vignes en terrasses, qui, le jour, en absorbent la chaleur et la restitue la nuit. Dans le train, les annonces se font en français, allemand et anglais. La Suisse est un pays cosmopolite, jusque dans les trains.

Sur le quai, il n'y avait ni contrôleur ni sifflet. Simplement une voix désincarnée qui annonce les arrivées, les départs, les destinations, les horaires. A la place du plan de quai auquel m'a habitué la SNCF, du moins pour les TGV, la voix annonce également sur quelles portions du quai se trouveront les wagons de 1ère classe. La 2nde, qu'elle se débrouille! Curieux comme je n'avais pas remarqué ces petits détails lors de mes précédents voyages vers Vevey.

Les Suisses doivent pratiquer le vélo régulièrement: tous les trains que j'ai vus passer possèdent plusieurs compartiments pour les cycles. Dommage que la SNCF ne les propose pas, ou seulement rarement. Dans le wagon, j'entends du français, de l'allemand, de l'italien, de l'anglais, du néerlandais. Vive l'Europe!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On sent la fébrilité du départ. :)

Je reprends tout ton blogue depuis le début, Eric. Je vais avoir de la lecture... :)

Eric a dit…

> Bienvenue Olivier!
Retrospectivement, oui, j'étais assez fébrile... Ne pas oublier les petits détails du départ. Ne pas rater mon train...
Bonne lecture alors !