samedi 9 février 2008

A Vevey depuis un mois

A la lecture de mon dernier message, peut-être avez-vous ressenti une forme de cynisme ou de critique tout juste voilée au sujet des automobilistes suisses... Il me faut donc rétablir un équilibre juste (merci Ségo).

Exemple : pour le moment, en tant que piéton, je n'ai jamais eu aucun problème avec une voiture, je dis (j'écris) bien, aucun. A chaque fois que j'ai décidé de traverser une rue, pas de problème. Il suffit de s'engager, inutile de regarder à gauche puis à droite. Vraiment, il suffit d'avancer sur la chaussée. Bon, pas n'importe où tout de même: en restant sur un passage protégé. Et pour l'instant, je n'ai pas entendu du crissement de pneus, d'insultes ou de carambolage dans mon sillage. En d'autres termes, en ville, les conducteurs suisses font attention à ce qui se passe autour d'eux. Ils ne sont pas enfermés dans une bulle --l'habitacle de leur voiture-- en dehors de laquelle rien n'aurait d'intérêt, et surtout pas les passants, cyclistes ou autres véhicules. Une forme de courtoisie? En tout cas, c'est vraiment agréable. On n'a pas l'impression de se jeter dans la fosse aux lions dès que l'on traverse sur un passage piétons sans feu.

Un ami allemand me demandait un jour: "Comment faites vous, en France, pour traverser s'il n'y a pas de feu ?" Etonnement de ma part: "Eh bien, il suffit de s'engager sur le passage piéton et les voitures doivent s'arrêter" Ça, c'est une citation directe du bon vieux code de la route.
- D'accord, mais qu'est-ce que ça veut dire, "s'engager sur le passage"
- Y poser le pied
- Mais c'est super dangereux, puisque tant qu'on ne pose pas le pied, les voitures avancent, et quand on pose le pied, c'est trop tard, on risque de se faire renverser!
- ...
- Chez moi, en Allemagne, un piéton qui s'approche du passage est déjà prioritaire et les voitures doivent s'arrêter avant qu'il ne "s'engage"
- ...

Voilà, j'étais sans réponse. En gros, être piéton en France tient de l'acte suicidaire. Apparemment ce n'est pas le cas en Allemagne et d'expérience, ce n'est pas non plus le cas en Suisse.

En parlant d'expérience, j'en ai vécu une traumatisante jeudi. Petit matin (je ne suis pas encore passé à l'heure suisse, il était donc près de 9h00), air vif et frais. Grand soleil et ciel dégagé, direction le boulot. Face à moi, les montagnes. J'ai le nez au vent et me régale du paysage. Soudain, je détecte du coin de l'œil un autre type de mont, sur le trottoir, que j'évite de justesse. Et tout aussi soudainement, je prends conscience que, depuis mon arrivée en Suisse, c'est bien la première fois que pareille mésaventure manque tout juste de se produire. La veille, j'avais bien remarqué une grand-mère s'occuper des productions de son toutou et, en mon for intérieur, j'avais pensé que c'était une bonne raison de ne pas avoir de chien en ville. En fait, je suppose que tous les propriétaires de chien en Suisse se plient à cette cérémonie. Enfin presque tous. Et les rues suisses sont incroyablement propres.

Certains me diront que je généralise trop vite. Les rues "suisses" sont propres ? OK, les rues de Vevey. Les conducteurs "suisses" sont courtois ? Bon, comme j'ai croisé plus de conducteurs en Suisse que de villes, je pense que ma statistiques est bonne, s'agissant des conducteurs "en Suisse".

Côté boulot, tout se passe bien. Je m'occupe des produits suivants: boissons chocolatées et maltées (Nesquik, Milo, Ricorée...), céréales familiales (Fitness, Cheerios...) et certains cafés... Et oui, il y a de la science et de la recherche derrière ces produits. Pour les membres de la communautés PI --curieusement vous êtes assez nombreux parmi les destinataires ;o) -- j'ai déjà une bonne quarantaine de familles de brevet "en vie" à gérer, des libertés d'exploitation, des litiges potentiels --non je ne vous dirai pas avec qui-- et une dizaine de projets de demandes de brevet, donc autant d'études de brevetabilité. Le bonheur, ça bouge ! Une grosse différence avec la vie en cabinet, c'est les nombreuses réunions avec les inventeurs et chercheurs, les personnes du business, par produit et par zone géographique... Et derrière chaque projet, il y a des produits qui seront dans les rayons sous quelques mois.

J'ai découvert le concept du décalage culturel. En allant assister à un spectacle, "Radioscopie de la clarinette", qui mélangeait humour, musique et histoire de la fameuse clarinette, je me suis trouvé plusieurs fois seul à ne pas comprendre un bon mot des artistes, au milieu de rangées de Suisses hilares. C'était assez vexant. Cela dit, j'imagine qu'un immigré suisse en France aurait bien du mal à comprendre certains traits de nos humoristes. Au final, les musiciens étaient excellents, l'histoire de la clarinette, très intéressante, et l'humour en dessous de la ceinture, compréhensible et efficace. Pour le reste, je suis resté imperturbable...

Autre surprise, impossible de trouver une séance de cinéma sans entracte. Oui, vous avez bien lu, un entracte ! Après une heure de projection, couic. Au milieu d'une scène ou d'un dialogue. Les lumières s'allument, les gens sortent, vont manger, boire... puis reprise de la projection. Le dialogue se poursuit, sans que la pellicule n'ait été rembobinée de quelques minutes, histoire de se replonger dans le film. Je me souviens qu'étant gosse il y avait parfois un entracte pendant les films. Mais c'était il y a 20 ans.

Ah, un dernier détail: les délices de la buanderie. Apparemment, impossible ou presque d'avoir son propre lave-linge en Suisse. Tous les immeubles sont équipés d'une ou plusieurs buanderies, et le concierge attribue les tours de lessive une fois pour toute aux différents occupants. C'est également lui qui fait circuler la clef de la buanderie entre les utilisateurs. J'ai hérité du vendredi après-midi, soit de 13h00 à 22h00. En d'autres termes, impossible de sortir le vendredi soir ou de partir tôt en WE: j'ai lessive. Enfin, c'est mieux que le jeudi matin (6h00 à midi) ou le samedi. J'ai l'impression d'être de nouveau étudiant mais en mieux: il n'est plus nécessaire de guetter l'ouverture de la buanderie, ou de surveiller la machine, ou plutôt les autres utilisateurs potentiels...

Certains d'entre vous m'ont largement complimenté et m'ont suggéré de créer un blog... Allez j'avoue, ça m'a fait terriblement plaisir et ma modestie en a pris un sacré coup. Mais je m'interroge. Vaut-il mieux que je vous inonde de mails qui provoqueront forcément une réaction: énervement suivi d'une destruction immédiate ou lecture attentive et peut-être réponse? Ou bien que je publie tout ça sur un site internet qui ne sera peut-être jamais lu? Est-il préférable d'écrire un courrier à des destinataires identifiés, ou d'étaler mes humeurs sur un site consultable par n'importe qui? Et surtout, grand problème, quel nom donner à un éventuel blog? Là je lance un grand jeu-concours: faites-moi part de vos suggestions, ce sera aussi l'occasion de me donner de vous nouvelles. Hormis ma reconnaissance éternelle, il n'y a rien à gagner :o)

A bientôt, un bon weekend ou une bonne semaine (pour ceux qui habitent un pays où le samedi est le lundi des européens)

PS: pour ceux que ça intéresse, je ne maîtrise toujours pas le clavier suisse. Pire, maintenant, je me mélange les pinceaux avec mon clavier belge...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rien à voir avec ton billet, mais je lis à droite dans ta liste de livres que tu as lu les piliers de la terre (que j'ai adoré).
La suite vient de sortir. :)