vendredi 1 février 2008

Et une semaine de plus

Bonjour à tous, tout particulièrement ceux dont j'ai récupéré la bonne adresse !

Vu de France ou d'un autre pays, ne soyons pas complètement gallocentriques, la Suisse semble être une région lisse et policée, où il ne se passe pas grand' chose. Et en prenant ma loupe, c-à-d en m'installant à Vevey, je me rends compte que cette vision n'est pas très éloignée de la réalité. Merci la loupe. Ouf, les idées préconçues ne sont pas totalement dénuées de fondement.

Exemple: aux informations récemment, presque en gros titre, l'histoire d'un éleveur de perches (c'est un poisson) qui a remplacé ses perches par des truites, sans autorisation. Grave erreur. Et bien il a été condamné à détruire tous ses poissons illégaux et à une amende. Je pense qu'une affaire d'une telle gravité n'aurait même pas fait l'objet d'un sous-titre sur TLM (Télé Lyon Métropole pour ceux qui ne connaissent pas).

Cela dit, il existe quand même quelques "rugosités" Eh oui, comme tous les pays du monde, la Suisse dispose aussi de ses propres c..s. A ce propos, je vous conseille un très bon bouquin "Mort aux cons" de Carl Aderhold. Une bonne tranche de rire.

Exemple typique, le gars qui vous colle au pare-choc, sur l'autoroute, alors que vous êtes déjà à la vitesse limite. Il s'imagine peut-être que la distance de freinage est vraiment très diminuée quand on roule aux 120 km/h suisses au lieu des 130 km/h franchouillards. C'est vrai que l'on taxe souvent le parler suisse d'être un peu ralenti.

A propos, c'est moins une question de parler lent que d'accent délié. Certaines lettres sont plus appuyées, et -hypothèse- comme la Suisse est au coeur de l'Europe, peut-être que les langues accentuées (allemand, italien) ont influencé la platitude de la prononciation française. Conclusion, le bonjour se dit à la même vitesse que de l'autre côté du lac, mais ça monte sur le bon, puis ça descend sur le jour. Du rythme sur ce simple mot. Et le tour est joué, ça semble durer plus que de raison. Mais des bonjours comme ça font toujours plaisir.

Dans le même style: sur l'autoroute, voiture sportive, de nuit. Me double tout à fait normalement. Puis, après quelques centaines de mètres, freine et se remet derrière moi et passe pleins phares. Là panique à bord: mais kesk'i'm'veut ce c... Je vérifie mes phares. Non, tout va bien, je suis bien en "feux de croisement"... Il s'en rend compte, me redouble, se met à ma hauteur et me fait quelques signes déplaisants puis accélère à fond. Là une envie me prend, que je réprime: allumer mes phares.

D'aucuns soutiendront que les fameux c...s sont en réalité des c...s d'étrangers qui piquent le travail des vrais Suisses et qui ne s'installent dans ce doux pays que pour des raisons fiscales. En somme, des profiteurs parasites. Un vrai patriote paie ses impôts rubis sur l'ongle, respecte scrupuleusement les limites de vitesse et jette ses bouchons de bouteille dans les récipients prescrits ;o) Etonnant comme on peut entendre les mêmes récriminations des deux côtés du lac.

Autre rugosité, la fonction publique (non, je ne vais pas taper sur les fonctionnaires... suisses), ses syndicats et ses grèves. En l'occurrence, ceux du canton de Vaud ont débrayé un jour cette semaine, pour demander des augmentations de traitement (?) et contester la nouvelle définition des postes. A part quelques lignes dans les journaux, on n'en a pas beaucoup entendu parler. Le chef de l'exécutif vaudois s'est attristé du fait que le mouvement de grève a eu lieu alors que les négociations étaient en cours. Finalement, la politique est bien la même partout. A croire que les responsables politiques n'ont toujours pas compris tout l'intérêt de faire grève... Cela dit, c'était peut-être une première dans ce lisse pays. Qui sait? On n'en entend presque jamais parler (de ce pays), sauf lorsque les leaders économiques et politiques du monde se réunissent à Davos.

Pour le "polissage", j'ai appris que soit on le fait de sa propre initiative, soit à l'initiative de ses voisins. Apparemment, le mot "dénonciation" et son cousin "délation" ne posent pas autant de crises morales que chez les voisins européens. Ca me semble un peu étrange de savoir que si j'ai le malheur de dépasser un chouia de ma place de parking, je risque un signalement (un autre cousin) au mieux à la concierge, au pire à la police... Restons naïfs et imaginons que j'exagère.

Autre particularité suisse, la démocratie directe. Plus fort que la participative, mieux que la représentative. Pour la moindre décision, la moindre réglementation, aux niveaux fédéral, cantonal ou communal, une votation est organisée. Votation, c'est le terme technique. Quand je vous disais qu'il faut apprendre plein de nouvelles expressions. En gros, les Suisses votent tous les week-end. Les sujets d'actualité: le bruit des avions de chasse dans les vallées et la réduction des prélèvements fiscaux sur les PME.

Je saute du coq à l'âne. Langue de travail au boulot "au Centre": l'anglais. Dire le Centre, c'est pour ne pas admettre qu'il s'agit en fait du siège mondial. Tout de suite ça fait plus impressionnant que "le Centre". Presque un roman de Kafka. Revenons à nos ânes, l'anglais c'est en réalité une sorte de "worldish" assez facilement compréhensible, truffé d'expressions du marketing et du management. Le problème c'est que même entre francophones on parle en anglais: mettez dans une même "meeting room" un Belge wallon, un Canadien du Québec, un Suisse romand et un Français. Et bien ils se diront bonjour en anglais avant que l'un ose suggérer, dans un souffle, de poursuivre la réunion en français, ce que tout le monde s'empresse d'accepter. Et c'est autorisé car le français est la seconde langue officielle au Centre. Seule contrainte, les "minutes" des réunions seront rédigées en anglais... Donc parfois, on saute vers l'anglais.

Allez, j'arrête sinon je n'aurai plus rien à raconter dans ma prochaine "chronique", car vous l'aurez compris, il ne se passe pas grand'chose dans le coin. Si ça joue pour vous, j'agende une séance d'écriture la semaine prochaine pour la suite de mes aventures.

Bises aux dames, et pour résoudre un cas de conscience soulevé par certains d'entre vous, bises aux messieurs qui se reconnaîtront.

A bientôt,

PS Chexbres, ça se prononce "chèbre"

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