Ce soir, en rentrant du boulot, j'ai croisé cette affiche:
Allez, ça doit bien vous rappeler une histoire suisse, non? Un p'tit effort... Guillaume... Oui c'est ça, Guillaume Tell.
La légende veut que Guillaume Tell, refusant de s'incliner devant un chapeau que le bailli Gessler avait fait installer près d'un chemin, fut forcé de tirer, à l'arbalète, sur une pomme posée sur la tête de l'un de ses enfants. Avant de tirer, il avait dissimulé un carreau dans sa chemise. Interrogé sur la raison qui l'avait poussé à conserver un carreau, Guillaume Tell répondit qu'il aurait visé le coeur du bailli avec ce carreau s'il avait blessé son enfant. Furieux, le bailli fit ligoter Guillaume, promit de le jeter "en un lieu où il ne reverrait jamais le soleil ni la lune" et l'emmena dans une barque. Une terrible tempête se leva et le bailli fit libérer Guillaume, qui connaissait le lac et la navigation, pour qu'il ramène l'embarcation à bon port. Guillaume réussit à s'échapper avec son arme, monta une embuscade contre le bailli puis se réfugia dans le pays d'Uri.
Depuis, Guillaume Tell symbolise l'indépendance du peuple suisse et la résistance contre les envahisseurs (le bailli en question représentait l'empereur d'Autriche). Il est un peu leur Jeanne d'Arc. Et à l'instar de la Pucelle en France, c'est un parti situé très à droite de l'échiquier politique suisse, l'UDC, qui récupère le folklore pour asséner son message. Le but probable, convaincre le badaud qu'en votant contre l'adoption de l'initiative 'pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse', les électeurs démontreront la persistance des vertus suisses de farouche indépendance.
Mais, dans cette histoire, qui sont les envahisseurs contre lesquels il faut se révolter? Et à propos, je ne savais pas que la seringue faisait partie du matériel utile pour préparer un joint. Bon, je vous rassure, loin de moi l'idée de faire l'apologie des stupéfiants, au contraire. Par contre, jouer sur les peurs du pékin moyen, je n'aime pas trop.
Note humoristique: si l'initiative est adoptée, le législatif et l'exécutif n'auront pas d'autre choix que de s'y plier, et libéraliser l'usage du cannabis en Suisse, quand bien même ils sont contre cette initiative. En plus d'être un paradis fiscal --enfin, c'est ce qu'on dit, mais Johnny ne s'y est pas trompé et il a renoncé à s'installer à Gstaad-- la Suisse ferait concurrence aux Pays-Bas avec des paradis artificiels.
En passant, les prochaines votations, agendées le 30 novembre, concerneront des sujets très variés, aux niveaux fédéral et cantonal. Pour le canton de Vaud, l'une des votations concerne l'interdiction de fumer dans les restaurants, bars, cafés etc... Pour info, si vous vous êtes maintenant habitués aux atmosphères respirables des restaurants français, anglais, italiens, irlandais, maltais, norvégiens, sachez qu'en Suisse, tout dépend du canton où vous vous restaurez.
PS: De passage à Paris mardi et mercredi prochains. Examens professionnels. Je révise donc il n'y aura pas grand'chose de neuf sur ces pages ces prochains jours.
PPS: Depuis mon déménagement, j'ai renoncé à consacrer trop de temps de cerveau disponible à la petite lucarne. A la place je lis. Beaucoup. D'où deux nouvelles rubriques sur la droite de la page: "Livres du moment" et "Lectures récentes". Quel bonheur, le vendredi soir, de (se) plonger dans un bouquin, et de prolonger l'immersion un week-end durant, pour ne reprendre son souffle que le dimanche soir. Déjà?!