vendredi 21 novembre 2008

Principe de précaution

Un rapide aller-retour à Paname m'a ramené à la dure réalité. Quelques mois en Suisse m'ont fait perdre de vue un élément essentiel de la survie dans la jungle parisienne: le principe de précaution. Je m'explique.

En France, et spécifiquement à Paris, tout parent qui se respecte inculque ce principe à sa progéniture dès le plus jeune âge: "Regarde à gauche, puis à droite avant de traverser". Même si le passage "protégé" est signalé par un feu. Conclusion, c'est au piéton inconscient de vérifier s'il peut oser s'engager, avant de poser le pied sur la chaussée. Principe de précaution vous dis-je.

Revenons à mardi dernier. Scène: un Français résident en Suisse depuis peu, fraîchement débarqué du TGV à la gare de Lyon. Il marche dans la rue et s'avise de traverser au niveau d'un passage piéton. Sans feu. Comme il en a maintenant l'habitude, il s'engage sans se soucier de la circulation. Et là... Crissement de pneus, noms d'oiseau, insultes et autres. Pas de casse. Ouf, tout va bien...

J'adore Paris.

Et j'adore l'article 33 de la loi fédérale sur la circulation routière:
"1. Le conducteur facilitera aux piétons la traversée de la chaussée."

Et mieux encore, l'article 6 de l'ordonnance sur les règles de la circulation routière:
"1. Avant d’atteindre un passage pour piétons où le trafic n’est pas réglé, le conducteur accordera la priorité à tout piéton (...) qui est déjà engagé sur le passage ou qui attend devant celui-ci avec l’intention visible de l’emprunter. Il réduira à temps sa vitesse et s’arrêtera, au besoin, afin de pouvoir satisfaire à cette obligation."

Côté français, je n'ai trouvé que l'article R. 411-15 du code de la route. Vous remarquerez qu'il brille par sa clarté:
"Tout conducteur est tenu de céder le passage aux piétons régulièrement engagés dans la traversée d'une chaussée et à ceux circulant dans une zone de rencontre ou une aire piétonne."

Régulièrement engagés? Kezako? Zone de rencontre? Keskidi? Et qu'est-ce qui se passe quand il n'y en a qu'un, de piéton? (Bon, là j'admets que je suis un peu de mauvaise foi)

Tout ça pour dire qu'en Suisse, c'est à l'automobiliste d'appliquer le principe de précaution. Exemple: "Tiens, une piétonne s'approche d'un passage. Mais pourquoi donc s'en approche-t-elle? Peut-être veut-elle traverser? Bah, je m'arrête et j'observe. Pas mal..." Pur pragmatisme helvète

Tandis qu'en France, ça donnerait plutôt: "Tiens, une jolie fille s'approche du passage. Je vais m'arrêter pour la regarder un peu. Oh c'est mignon, elle hésite..." Pur pragmatisme parisien.

Alors un Français ex-parisien ex-lyonnais installé en Suisse peut joindre l'utile à l'agréable sans remord et sans risquer de provoquer des accidents en chaîne.

Petit apparté: je sens que je vais recevoir quelques remarques acerbes de mes lectrices préférées...


6 commentaires:

La Fille a dit…

Notons de fait que les Français draguent bien plus dans la rue que les Suisses, lol :-)

Mais c'est marrant, la dernière fois que je suis allée à Paris, j'ai aussi manqué de me faire renverser à proximité de la Gare de Lyon. Sauf que là, y avait un bonhomme et qu'il était bien vert. Ajoutons donc au principe de précaution qu'il faut TOUJOURS regarder avant de traverser même si on est manifestement autorisé(e) à le faire...

Il faudrait étudier les statistiques, je suis sûre qu'il y a plein d'habitants d'Helvétie qui se font renverser près de la Gare de Lyon...

Sinon, ça c'est bien passé tes examens ?

Anonyme a dit…

Et encore du dénigrement de parisiens! Serait-ce l'influence suisso-lyonnaise? Certes, je te l'accorde, le règlement français est on ne peut plus capillotracté comparé au pragmatisme suisse. Mais:
1. Paris n'est pas la France, et,
2. Que dis tu des lyonnais qui accélèrent quand un piéton va s'engager???? J'ai aussi vécu à Lyon et j'ai trouvé certains comportements bien pire que ceux des parisiens... Je te trouve bien silencieux sur ce point!

Eric a dit…

Ah merci La Fille, tu me confirmes que je n'ai donc pas rêvé... Il y a bien un truc bizarre sur les routes du royaume de France.
Pour répondre à ta question: je ne suis pas trop mécontent. Résultats à partir du 9 janvier (enfin, seulement pour l'admissibilité à l'oral)

> Bambi: oui, je sais, je suis un peu de mauvaise foi. Et je fais des généralisations. Et oui, je confirme que certains lyonnais, pas tous attention, se comportent comme tu l'as décrit. Mais, quand même, c'est moins dangereux de traverser une route en Suisse qu'en France en général. Y compris en dehors de Paris, de Lyon ou des grandes agglomérations. Vraiment. Et de toute façon, mes posts sont forcément biaisés puisque je suis mon seul censeur!
A+

Anonyme a dit…

Ici (Canada et Etats Unis), c'est encore pire: la voiture a le DROIT de passer MEME SI c'est vert pour les piétons! Normalement, le piéton a la priorité, mais le plus souvent, on peut observer une course entre le piéton et la voiture pour savoir qui arrivera à passer avant l'autre et à combien de millimètres du piéton la voiture arrivera à passer sans le toucher. Crétin!

Anonyme a dit…

Je confirme. Sans parler de ces zinzins qui font HUUUURLEEEER leur sono , avec les basses qui font péter les vitres des voitures voisines (je n'ose imaginer l'état des tympans des mecs au volant), ceux là sont prêts por démarrer plein pot dès que le feu passe au vert, ou alors foonnnnnncent dès que c'est orange. Ridicule.

Le comble du grotesque: ces voitures qui bougent, ou vibrent, au feux rouge, ou alors avec des néons bleus sous l'habitacle...

L'Europe et l'Amérique, ce sont deux mondes bien à part pour les bagnoles.

tpsqtdt a dit…

hello... c'est pourtant tellement vrai... les conducteurs parisiens sont de véritables dangers pour nous pauvres piétions....
enfin comme la si justement souligné notre suisso-lyonnais national il fait bon d'être une jolie fille pour traverser...à paris hihi