jeudi 12 juin 2008

Chronique d'une soirée footeuse

Comme prévu, hier soir, direction le Jardin du Rivage pour assister au match Suisse-Turquie. En sortant de chez moi, concert de klaxon. Que se passe-t-il? La Suisse ne peut pas encore avoir gagné, le match commence seulement dans 10 minutes. Vers le centre-ville, le vacarme augmente, les voitures et les passants sont tous aux couleurs portugaises. Compris: le match Portugal-République tchèque s'est terminé à l'avantage du Portugal. OK, on rempile donc pour la suite du tournois avec les habitants de la Péninsule. Le Gars, j'espère que tu pourras ronger ton frein encore un peu...

Ne sachant pas trop où l'écran est installé, je suis le flot de supporter habillés de rouge. Pro-Suisse ou pro-Turquie, j'ai peu de chance de me tromper de direction. Et en plus, je découvre de gros autocollants par terre avec des flèches vers la Fan Zone. Bon, tout va bien.

La Fan Zone: une aire entourée de barrières, entrée filtrée par Sécuritas. Une estrade réservée aux VIP, avec un bar "en altitude". Face à l'estrade, sous le kiosque, un écran géant. En attendant le début du match, publicités de la TSR2. Ambiance bon enfant, public plutôt jeune, bariolé de rouge. Partout, des drapeaux à la croix blanche, T-shirts, casquettes, bretelles. Des mascottes en peluche. Une cloche. Odeurs de pizza, kebab et salées. La bière coule à flots. Rien que de très habituels.

20h45, entrée des joueurs. Présentation, hymnes que je n'entends pas, serrage de paluches. Finalement, facile de reconnaître les joueurs: les Suisses sont en rouge, les Turcs en bleu clair.

La Suisse entame la partie. Du côté de Vevey, les cornes de brumes hurlent. En dessous de l'écran, un petit gamin --5 ans tout au plus-- agite un drapeau turc. Autour de moi, les gens sourient. Son manège dure près de 10 minutes, jusqu'à ce qu'un agent l'attrape gentiment et le fasse descendre. A l'écran, quelques actions de part et d'autre. Rien de bien excitant.

Vers la 15ème minute de la rencontre, le déluge s'abat sur Bâle, la balle bondit et butte sur les flaques d'eau boueuse, échappant au contrôle des joueurs qui se bousculent près d'elle. Rapidement, la pelouse ressemble plus à une piscine de quelques centimètres de profondeur qu'à un terrain de foot. Lorsqu'un joueur tente un tacle, il finit sa glissade dans les barrières de sécurité autour du terrain. Malheureusement pour les Turcs, ils ne connaissent peut-être pas l'option patinoire de ce terrain. A la 32ème minute, but: le ballon s'est arrêté dans les pieds d'un joueur suisse, freiné par l'eau. Ce dernier n'a plus qu'à poser la balle dans la cage turque. Autour de moi, c'est l'euphorie. Je me bouche les oreilles pour préserver mes p'tits cils auditifs.

Fin de la première mi-temps. Direction le bar.

Reprise. Visiblement, les joueurs ont changé de vêtements: ils sont secs mais pas pour très longtemps. Le ciel s'est calmé, mais la pelouse, gorgée d'eau, est toujours aussi glissante... Avant le coup de sifflets, un Turc et un Suisse s'embrassent comme du bon pain. Peut-être font-ils partie du même club? En tout cas, j'aime cet esprit: la compétition est cantonnée au terrain.

Une série d'actions intéressantes, côtés suisse et turc. Un ballon dans le but suisse, mais le joueur était hors-jeu. Frustration du côté turc. Deux minutes plus tard, commedia dell'arte. Un joueur turc s'écroule en se tenant le talon. Coup de sifflet, carton jaune pour le Suisse. Ralenti: ils ne se sont pas même touchés. La foule hue. En attendant, les Turcs ont déjà écopé de deux cartons jaunes...

Finalement, un Turc égalise, grâce à une belle passe centrée. Tiens, finalement j'arrive à apprécier le geste. En fait, ça doit faire une bonne trentaine de minutes que je suis pris par le match. Les deux gardiens sont assez époustouflants. Autour c'est l'angoisse. Quelques spectateurs exultent: leur équipe est revenue dans la course.

La nuit est tombée. Les visages angoissés se tendent vers l'écran. Des cris s'élèvent lorsqu'un joueur suisse s'approche de la cage turque, des soupirs d'énervement quand le tir est mal cadré ou arrêté par le gardien, des "non-non-non" stridents si un Turc parvient à ajuster son tir. Le terrain est toujours aussi lourd et ne facilite pas la tâche des joueurs. Les actions s'enchaînent. L'écran aux couleurs sursaturées éclaire les visages de rouge, de vert ou de bleu. Un vent de terre se lève. La pluie arrive. Avant ou après la fin de la rencontre? Fin du temps réglementaire. Quatre minutes de temps additionnel. La tension est à son comble.

Ah, ça y est, à deux minutes de la fin, un nouveau point... turc. Les premières gouttes tombent. Adieu la Nati. Vite, il faut rentrer.

2 commentaires:

blusfere a dit…

Sans être un féru de la "Footballistique", je suis un peu triste pour nos amis suisses et assez inquiet pour nos compatriotes. Quant à l'effervescence du supporter transi par la victoire, j'envisage de m'y associer dans une sorte de "communion transnationale". Mieux vaut s'y résigner dans cette ville rassemblant tant d'étrangers, dont les Français ! Il me semble néanmoins que l'expressivité des supporters reflète la latitude de leurs origines: manifestement, les victoires nordiques génèrent beaucoup moins de bordel que les méditerranéennes... Vive les Pays-Bas et la Suède !

Anonyme a dit…

waouh mon grand frère aime (presque) le foot... :)